MONTREDON

Mise à jour 4 Juin 2022

Bonne  nouvelle : la réouverture du marché paysan de Montredon tous les mercredi du 6 juillet fin Aout 2022.

A cette occasion nous rediffusons la série Larzac publiée en 2018 sur entre2brises.fr et 2019 sur dis-leur.fr.

Pour découvrir tous les épisodes de la série LARZAC, cliquez ici

Episode 1 – L’évènement : Le marché paysan

Mercredi 22 Aout 2018

Sur le plateau du Larzac, à Montredon, tous les mercredis de juillet et d’août, se tient le marché paysan. La  rareté de l’évènement est un prétexte pour une série d’articles en sept épisodes consacrés à ce marché, les rencontres et le plateau du Larzac.

L’épisode 1 est consacré à cet événement rare qui’ n’a lieu que 8 fois par an : Le marché paysan.

L’épisode 2 va à la rencontre de quelques paysans présents.

L’épisode 3 présente la librairie éphémère installée dans l’ancienne bergerie.

L’épisode 4 est une interview du reporter photographe Martin Barzilai, auteur de l’ouvrage Refuzniks, qui est venu à Montredon dédicacer son livre.

L’épisode 5  raconte l’histoire du hameau qui est devenu un symbole. Celui de la lutte gagnée par les paysans contre l’extension du camp du Larzac en 1981. José Bové en fut un des visages emblématiques.

L’épisode 6 voyage sur cette terre aride qu’est le plateau du Larzac où Montredon est implanté.

L’épisode 7 est un reportage photo qui illustre le Larzac sous ses différents aspects

L’esprit « Larzac », au marché paysan de Montredon.

Le marché de Montredon sait ravir celles et ceux qui aiment le bien manger, l’artisanat, la convivialité, les jolies balades et les belles rencontres. Il prolonge cet esprit typique du « Larzac » : pacifisme, humanisme acquis au long des années.

Un moment d’une grande richesse.

Dès l’arrivée à Montredon, le panneau d’accueil est clair : « Bienvenue sur le marché. [..] Il instaure des liens directs entre paysans et consommateurs ». Sur cette terre de combat, au climat rigoureux, loin du mercantilisme, ces termes prennent réellement un sens fort : celui de la rencontre.

Bras dessus, bras dessous, le plaisir d’être ensemble.

« Ici, il y a 4 maisons, et jusqu’à 1.000 à 1.500 personnes qui viennent au marché » s’amuse ce retraité de Saint Sernin sur Rance. Depuis 10 ans, tous les mercredis d’été, il vient vendre le jus de pomme de son association. « On ne fait pas d’autres marchés » poursuit-il.

 Depuis la vallée de l’Hérault, Magali, fait une heure de voiture pour vendre ses légumes à Montredon. « C’est très convivial. On ressent l’envie d’être ensemble, de passer un bon marché. Entre commerçants, on s’offre des coups à boire. C’est très rare sur le marché traditionnel. Ça fait longtemps que je fais des marchés dans la vallée. Ici, on voit des gens détendus, ça fait plaisir ».

Le vaste parking en terre battue se rempli petit à petit. Le flot de piétons se met en marche. Tout le monde y va, sourire aux lèvres, bras dessus, bras dessous. Au bout de ce petit chemin, interdit aux véhicules, il y a semble-t-il, une promesse de plaisir

« On s’approvisionne, mais on vient plus par convivialité, que pour faire le marché » nous dit ce couple de Millavois.

« Ce que ça m’inspire ? C’est la convivialité avant tout.  C’est le marché de ce que produit le Larzac. C’est manger sain, du fait-maison » nous répond cet autre habitant du plateau.

Montredon, « c’est avant tout un marché de producteurs et artisans locaux précurseurs dans l’Aveyron » précise l’affiche de l’accueil. « On le fait découvrir aux enfants et aux gens qui viennent nous voir » nous répond un autre habitué. 

« C’est le bien-être. », indique cette Drômoise, en vacances sur la terre natale de son mari. « 

Rencontres, pique-nique et spectacle gratuit sont aussi au programme.

Certains amènent des couvertures. D’autres portent des fauteuils pliants. Ici, tout a été aménagé pour pique-niquer, déguster, et se rencontrer. De grandes tables auxquelles sont accrochés des bancs sont à disposition dans la clairière. Ici pas de plastique, le tout est en bois massif. Les coussins qui dépassent parfois des cabas ou des sacs à dos, sont quant à eux prévus pour un autre moment de la soirée : le spectacle gratuit qui termine la journée.

« Venez vers 17 heures, on s’installe. Je préviens les autres de votre venue. Je serai à la buvette. » Alors que le marché n’ouvre qu’à 18 heures, ce mercredi 22 août, comme prévu à 17 heures, Marie Gaillard est là, accueillante. Elle est sur le Larzac depuis 1979 et tient depuis 1992 le gîte d’étape de Montredon. Elle est affairée à l’installation des verres et des boissons. Tout le monde semble prévenu du reportage. Il n’y a aucune restriction.

Montredon : un village typique en pierre grise.

Ce 22 août est aussi un jour d’orage. Quelques rayons de soleil filtrent entre les nuages et la pluie. La lumière fait ressortir le gris des pierres sèches, typiques des maisons du causse. Les toitures humides brillent. Les toits sont traditionnels, en lauze. Ce sont des lamelles de pierres plates, calcaires, de couleurs grises et noirs, qui remplacent les tuiles. Elles sont disposées en écailles.

La météo hésitante ne semble avoir aucun impact sur le programme de cette fin de journée. L’hiver et le printemps ayant été très pluvieux, l’herbe qui tapisse le sol est verte, grasse et dense. Du coup, la marche y est agréable, souple et confortable comme sur une moquette.

Une heure pour tout installer dans une sérénité absolue.

L’installation bat son plein. Tout le monde est actif. L’atmosphère est paisible. Alors qu’ils sont une vingtaine à vider leurs véhicules, et à manipuler leurs marchandises, il n’y a aucun brouhaha. Les sons sont disparates, discontinus et surtout très répartis. Ici, c’est la vie active mais calme. L’espace en pleine nature, est vaste et entouré d’arbres. De temps en temps, un bruit de caisses qui s’entrechoquent, un son métallique d’une portière qui claque au vent, un cageot en bois qui ripe sur le fonds en tôle de la camionnette où quelques graviers sont restés coincés, sont les quelques signes sonores du travail en cours qui se mêlent à celui du vent léger dans le feuillage et à quelques paroles. L’orage semble s’éloigner.

La joie de se retrouver est manifeste.

Des « salut », des « comment vas-tu ? » se font entendre un peu partout. Les gens se font la bise ou s’embrassent. La joie de se retrouver est manifeste. L’ambiance est conviviale. L’atmosphère semble d’une grande sincérité. Il n’y a aucun stress, que des sourires et des rires.

Calmement, tranquillement, une douce rumeur monte et enveloppe d’humanité tout le hameau. Doucement, progressivement, au fur et à mesure des arrivées, le village s’anime. Il n’y a ni éclat de voix, ni de « parler fort ». Chacune, chacun, donne volontiers un coup de main à son voisin ou sa voisine. Les plus avancés et quelques clients discutent dans une ambiance chaleureuse, parfois autour d’un verre.

« Je fignole » dit Michel, producteur fermier de fromages de chèvre. « Ha, je suis désolé, Madame », dit-il à une dame qui voulait lui acheter une petite bûchette de chèvre, « le marché n’ouvre qu’à 18 heures, il y a un rite, il faut attendre que résonne le son de la cloche ».

Même chose pour le monsieur qui souhaite enjamber le rang de chaises qui barre l’entrée de la Jasse (bergerie typique du Larzac) transformée en librairie.

Le pain s’inscrit dans la suite initiée par la communauté de l’Arche au marché paysan de Montredon – Photo © JJF 2018

Dédicace et littérature à la librairie « la brebis qui lit »

« Ce n’est pas encore ouvert ». A Montredon, il y a non seulement le marché paysan qui satisfait les plus gourmands et gourmets, mais il y a aussi une librairie, « La brebis qui lit ». Elle propose de très nombreux ouvrages aux grands comme aux petits.

Chaque semaine un auteur dédicace son ouvrage. Aujourd’hui c’est le photographe, Martin Barzilai qui présente son livre « Refuzniks » (voir interview). La pluie semble s’être définitivement éloignée de ce territoire.

Martin Barzilai dédicace son livre « Refuzniks » à la librairie Bredis qui lit de Montredon – Photo © JJF 2018

La simplicité avant tout

Il n’y en a pas que pour les plaisirs de la bouche. De très nombreux artisans du Larzac proposent des vêtements en laine, des objets en cuir ou en bois.  Qu’ils soient avec les exposants ou les visiteurs, les contacts sont joviaux et riches. La parole se libère facilement dans une grande simplicité. Le désir de communiquer, dans le bon sens du terme, est grand et semble tout naturel. Il est hélas impossible de rencontrer tout le monde. Toutes et tous ont des histoires passionnantes. (Lire l’épisode 2 – le florilège de rencontres).

On comprend la raison pour laquelle, même s’ils n’ont pas besoin de s’approvisionner, certaines personnes reviennent systématiquement chaque semaine. C’est un rendez-vous qu’elles ne voudraient manquer sous aucun prétexte.

Sur le chemin qui mène au spectacle, se trouve le four à pain

Le soleil est revenu. Il descend lentement à l’horizon. Il est déjà 20 heures. Au cœur du village, sur le chemin qui mène à la clairière, ou aura lieu le spectacle gratuit, se trouve le vieux four à pain. C’est un petit bâtiment. Il est d’une construction traditionnelle. L’arrière arrondi accueille le foyer. A l’intérieur, devant le brasier qui rayonne, 3 ou 4 jeunes, d’à peine une vingtaine d’années, enfournent des pizzas. Bien sûr, elles sont faites et cuites sur place. Toutes sont fabriquées avec des produits locaux.

Le service est très organisé. Il y a une file pour commander, une autre pour retirer sa commande, et une heure précise pour en prendre possession. Les pizzaiolos s’activent pour livrer les commandes avant que le spectacle ne commence.

Des rires spontanés, chaleureux, clôturent le spectacle.

22 heures, la lune est déjà haute et le ciel étoilé. Les derniers applaudissements ont fait place à un public debout, qui rassemble ses affaires. Il est visiblement ravi par les deux acrobates burlesques qu’il vient de voir. Les spectateurs engagent la conversation avec les artistes. Même pour celles et ceux qui étaient un peu loin de la scène végétale (par terre) et qui n’ont pas tout entendu de la représentation, les nombreux rires spontanés, chaleureux, aux éclats, des enfants, mais aussi des adultes suffisaient pour se réjouir de l’instant.

Un moment hors du temps, une sorte de bouffée d’oxygène.

Pour beaucoup, ces quelques heures, passées à Montredon, sont un moment hors du temps. Une sorte de bouffée d’oxygène loin de la ville, de son bruit et de ses lumières. L’ambiance du marché est plus qu’agréable, elle est apaisante. Il y a même, diront certains, un petit sentiment de réconfort face aux aléas de la vie.

Qu’ils soient sur le chemin du retour, ou qu’ils passent la nuit à la belle étoile, ou dans leur voiture ou encore au gîte de Montredon, dans les esprits de tous les participants, il reste graver quelque chose de positif de cette fin de journée. Le marché de Montredon, est aussi l’œuvre d’une équipe de femmes et d’hommes. Toutes et tous sont bénévoles. Ils sont les bâtisseurs d’une formidable réussite humaine et humaniste.

A propos de la série Larzac

Après la période de confinement sanitaire de 2020 et 2021 à l’occasion de la bonne  nouvelle  : la réouverture du marché paysan de Montredon tous les mercredi du 6 juillet à fin aout 2022, nous rediffusons la série Larzac publiée en 2018 sur entre2brises.fr et 2019 sur dis-leur.fr.

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