John et les réfugiés

SETE

31 janvier 2019

 » Pourquoi, cet enfant, il n’a pas à manger tous les jours comme moi ?  »  Il doit avoir 3 ou 4 ans. Bien serré dans les bras de sa maman, le garçonnet regarde avec attention chaque photographie. Il en perçoit le sens et l’injustice qu’il s’empresse de signifier à haute voix. Il comprend la situation telle que le photographe l’expose. ; claire, nette, sans sensationnalisme, ni dramaturgie outrancière. Son âme d’enfant ne perçoit pas les raisons de la situation mais en mesure l’injustice. Sa maman, embarrassée, préfère orienter la réponse autour de la géographie « Toi, tu vis en France « .

Si la rencontre avec John Vink, photo journaliste Belge,  fut furtive car totalement imprévue,  elle fait partie de celles  qui marquent. Il a fait le déplacement spécialement pour assister au vernissage de son exposition photographique « Réfugiés » qui a eu lieu à Sète du 1er février au 27 avril  2019 à la Maison de l’image documentaire, en présence de Gilles Favier, Commissaire de l’exposition, Valérie Laquittant, Directrice de la Maison de l’image documentaire et du Docteur Philippe Trinh-Duc, responsable de l’antenne Languedoc-Roussillon de MSF, partenaire de l’exposition.

L’exposition est une brèche dans nos activités quotidiennes, une ouverture sur l’ailleurs. Elle nous hisse hors des évidences et des certitudes en affichant de façon implacable la réalité du terrain. C’est aussi un grand questionnement sur ce que doit-être notre rôle, collectif et individuel. C’est l’histoire de ce monde en marche, le nôtre.

Observant les visiteurs qui découvrent ses clichés, John Vinka a l’air plus intéressé qu’inquiet. Il sourit en regardant les gens qui regardent les gens qu’il a photographié. Il semble heureux de partager son travail. De faire voir ce qu’il a vu, ce qu’il a perçu. En noir et blanc, avec une distance et un regard humain, humaniste, il est difficile de trouver les mots justes pour décrire ses photographies. Il y a un  respect profond mêlé à une volonté forte de témoigner avec humilité mais sans rien cacher.  Le photographe explique volontiers sa démarche.

John Vink se prête volontiers à la question. © JJF 2019

"Être réfugié, c'est le fruit de conséquences !"

« Je n’ai pas voulu photographier du tragique, ni du spectaculaire. [Les réfugiés] Ce sont des gens comme vous et nous qui se retrouvent à un moment dans une situation particulière. Qui se retrouvent  dans des camps. Dans ces camps, on y vit, on y rit, on y pleure. »

 

John Vink parle aussi de son expérience en Belgique, dont il est issu. Là-bas, aussi aider une personne dans l’illégalité est interdit, comme en France, sauf qu’il y a une nuance. Si la raison est humanitaire, ce n’est plus un délit. Du coup, tous les soirs, de nombreuses personnes vont chercher dans la ville des sans-abris pour les héberger.  » pour une ou deux nuits, 3 maximum ».

 

 » Je voudrais aussi qu’on se rende compte, qu’il y a une solution possible. Qu’une réponse est possible. Qu’il ne faut pas tout attendre des états. C’est une affaire de citoyens, et aussi une réponse individuelle. « 

John Vink présente un travail de longue haleine. Des clichés réalisés dans une vingtaine de pays, sous des régimes différents, pendant plusieurs décennies. Chaque image est claire, précise, sans ambiguïté. Le cadrage talentueux est toujours respectueux de la dignité, du sujet, mais aussi de celui qui va regarder la photographie. Il n’y a ni heurts, ni voyeurisme. Un vrai jeu d’écriture photographique, riche en talent, tout en nuance. Il saisit, il transporte dans ces endroits où règnent misères et dénuements mais, qui semblent démontrer que quoiqu’il arrive, la vie doit continuer et elle continue. C’est probablement l’aspect le plus troublant de l’exposition.

Repères

L’exposition a été réalisée à la Maison de l’image documentaire. de Sète en partenariat avec Médecins Sans Frontières

Pour découvrir le travail de  John Vink  et poursuivre la rencontre c’est ici.

Texte et photographies d’illustration © JJF 2019.

Le reportage photo est réalisé avec un téléphone portable qui ne reflète pas la qualité des oeuvres exposées.

Deux ouvrages de John Vink

Aller au contenu principal