CLERMONT L’HERAULT

« Elle m'a frappée avec ses clés ...»

Visage tendu, regard oblique, Jordan, 24 ans, se tient debout, mains derrière le dos. De chaque côté, et derrière lui, se tiennent quatre gendarmes. Un grand, costaud, les mains sur les épaules, presque à son contact, le surveille avec attention. Il est prêt à intervenir. A Montpellier, ce 17 septembre 2018, Jordan est présenté en audience de comparution immédiate au TGI.

48 heures plus tôt, alors qu’il est entendu à la gendarmerie pour coups et blessures à l’encontre de Lucie, son ex compagne,  Jordan s’énerve et lance une chaise qui fracasse un écran d’ordinateur.

La Présidente, énumère les faits. Entre deux paragraphes, elle lève les yeux par-dessus ses lunettes, et regarde en direction de Jordan. Il est attentif. A deux reprises, il l’interrompt :

« elle a un peu trop de bouche, Lucie. La veille, elle s’est battue avec une fille qui a un poing américain »

 rage-t-il.

« Vous aurez tout le temps de vous exprimer, Monsieur ».

En 4 ans, il a fait l’objet de plusieurs condamnations : conduite sans permis, refus d’obtempérer, détention de stupéfiants… Sur les faits de violence déclarés par son ex compagne en Juillet et Septembre de cette année, il conteste le dérouler et la nature des coups.

« Elle m’a frappée avec ses clés et enfermé sur le balcon… J’ai mangé une fourchette dans la tête ».

 Il décrit son ex compagne comme une boule de nerf ambulante :

 « Elle a un problème psychologique. Le médecin légiste a admis qu’elle en rajoute ».

 « Dans le dossier, Il n’y aucun témoignage du légiste en ce sens, Monsieur ».

 « Elle est toute petite »,

 reprends Jourdan.

« Si je l’avais frappé comme elle le dit, elle aurait plus de blessures ».

 « Toujours est-il que vous l’avez frappé ».

« C’est elle qui a commencé. Quand je lui ai dit que j’étais avec une autre fille. Elle m’a frappé avec ses clés. Vous n’avez qu’à demander, y a un témoin ».

 « Effectivement, Monsieur, il y a une troisième personne, mais son témoignage ne concorde ni avec votre version, ni avec celle de votre ex compagne ».

 «  A l’évidence, nous avons affaire à une rupture qui se passe mal ».

 déclame le procureur.

« Cet homme est explosif. Par deux fois, 8 gendarmes ont dû intervenir pour l’immobiliser. Le prévenu est devant cette juridiction pour violence volontaire aggravée mais surtout pour destruction volontaire du bien public. »

Se tournant vers Jordan puis vers la Présidente,

 « hôpitaux, écoles, tribunaux, gendarmerie, ce sont des lieux où on doit se tenir correctement. »

« Savez-vous depuis quand Jordan est en CDI à la Poste ? 3 ans. Savez-vous quel âge à son premier enfant ? 3 Ans. Il prend à sa charge l’intégralité de la réparation de l’ordinateur.»

précise son avocate qui insiste sur le caractère violent de Lucie et sa maladie : l’épilepsie.

« Le rapport du légiste démontre qu’une crise peut être à l’origine des blessures qu’elle porte ».

Jordan écope de 8 mois dont 7 avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve, de l’interdiction de revoir Lucie, d’une obligation de soin et de travail.

Prise de vues, montage, traitement © JJF - 2020
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