Aniane, jardin de l’Abbaye, un beau dimanche de printemps. Un magnolia géant, sûrement multi-centenaire. Au fond, discret, le long de la vieille bâtisse, sous la glycine, un bel étal de fleurs, fraîchement coupées. Des pots cuivrés. Une roue de vélo, une cage à oiseau. Un petit panneau « A fleur de peau ». Cachés, presque dissimulés derrière des bouquets, deux grands sourires. Alexia et Nathalie, les deux créatrices de « A fleur de Peau », assises à une table, affairées, concentrées, manipulent des fleurs et un pistolet à colle.
Avec un regard bienveillant, inspirant, elles lèvent les yeux et d’une voix douce, posent sur vous une phrase avec attention : « on vous offre un bijou en fleurs ? », le monsieur un peu perplexe répond, « heu non merci, ça ira !», « mais si vous verrez » rétorque-t-elle d’une voix enjouée. Il lui est alors délicatement accroché sur la poitrine, telle une décoration honorifique, gratifiante, une jolie broche de fleurs mêlées de verdure. Ni trop grande, ni trop petite, elle est élégante. Ni trop fleurie, ni pas assez, elle est délicate. Pile dans le bon goût, elle n’engage point au refus. Il ne le sait pas encore, mais c’est un présent. « Vous vous sentez bien, maintenant ? C’est mieux avec, non ?» lui demande une des fondatrices ; lui de répondre sans aucune hésitation, avec un air visiblement enchanté « oui, c’est vrai, vous avez raison, je vous remercie », il sort son porte-monnaie, « non, non, merci, c’est offert. C’est de la part de la communauté d’agglomération. Pas d’histoire d’argent entre nous, juste des histoires de fleurs !» poursuit-elle. Un autre monsieur, vient délicatement leur porter une boite de cerises qu’il dépose sur la table entre les deux étals de travail. « Elles viennent d’Anjou, c’est pour vous ! ». Les bijoutières ont la cote !