L’interrogation semblait pourtant fort simple. Tout a commencé lors la préparation du reportage « Aux 4 canaux, y a tout ce qu’il faut ! » . En descendant le cours d’eau, entre deux points précis, exclusivement sur la rive droite, de nombreuses épaves émergent de la surface. Que font-elles là ? Qui en est responsable ? Que vont-elles devenir ? Voici les trois questions auxquelles nous souhaitions avoir des réponses.
Rives du Lez à Palavas – L’orage menace – Photo © JJF 2018
Rive du Lez à Palavas – Le temps est maussade, ce dernier lundi de mai. Il est 16H40, ce qui signifie qu’il reste vingt minutes pour rédiger le papier avant le bouclage. Hélas, encore aucune réponse aux questions.
Dans ces méandres administratifs, ce n’est pourtant pas faute d’avoir cherché un contact éclairant, éclairé. Le sujet de l’article est pourtant d’une grande simplicité, l’enquête limpide, à priori tout coule de source, avec légèreté et transparence comme au fil de l’eau : clair comme de l’eau de roche.
Au niveau photo, c’est dans la boite, quelques photographies sont prêtes. A cette heure précise, se pointe « un naufrage journalistique ». Trois questions restent cruellement sans réponse. Le vide, le néant…
Epaves gisant au bord du Lez à Palavas – Photo © JJF 2018
Rive du Lez – Les épaves, sont plus ou moins bien amarrées. Des dispositifs bricolés, surement des anciens pontons, servent parfois de points d’accrochages. En amont des « 4 canaux » un navire est échoué depuis au moins deux ans selon un pécheur. Mais que fait-il là ? Au fil de l’eau, elles sont plus ou moins nombreuses. Il y en a une qui a une histoire connue des Montpelliérains et des militants de la lutte contre la vivisection.
Célèbre Bateau « Sous-marin L’amitié » mis à l’eau en 1981 par Bernard Pierson – Photo © JJF 2018
Le navire « étrange » de Bernard Pierson : l’Amitié, couché sur le flanc du Lez aux abords de Palavas |
Mais l’Amitié semble bel et bien abandonné. [lire l’article sur le sujet ].
Que deviendra-t-il ? Sera-t-il récupéré pour intégrer un musée ? Qui peut prétendre venir le récupérer ? C’est en souhaitant répondre à ces questions qu’une plus générale s’est posée. Qui est responsable de cette rive du Lez ?
Epave au bord du Lez – Qui en est responsable ? – Photo © JJF 2018
« Ce n’est pas directement nous » nous répond la Mairie de Palavas « je vous passe le port ». « J’ai bien assez à faire avec le maritime » nous répond Bruno Jeanjean Maître du port.
Il n’y pas d’épaves sur ma commune
« Sur la commune il n’y a aucune épave. Nous avons la responsabilité de Port Ariane et du Lez sur notre territoire, c’est tout. Le reste c’est Palavas » nous répond sèchement le responsable de la capitainerie de port Ariane à Lattes, ville voisine en amont de Palavas.
Entrée du port de Lattes – Photo © JJF 2018
Des bateaux montent et descendent le Lez pour y aller et venir. C’est donc une voie navigable. Comme en France la gestion en est souvent confiée à l’organisme public « Voies navigables de France » (VNF) nous le contactons. La direction Sud-Ouest de Béziers nous répond qu’elle ne pense pas que ce soit de son ressort. Elle nous conseille d’appeler la délégation de Frontignan. « Ce n’est pas une voie commerciale. Elle n’est donc pas gérée par nous (VNF). Appelez le département », nous réponds-t-on. La Direction Départementale des Territoires et de la Mer de l’Hérault (DDTM34) par son service Règlementation et contrôle Maritime nous avoue, très humblement, « ne pas savoir », mais serait très intéressée de connaître la réponse : « Si vous arrivez à l’obtenir, rappelez-moi ». Nous informant qu’il s’agit d’un domaine privatif communal il nous recommande de nous renseigner auprès de la préfecture de l’Hérault au service de la Direction des Relations avec les Collectivités Locales (DRCL).
La responsable étant absente, nous sommes dirigés vers le service communication. Ayant fait connaître notre statut journalistique, il nous est demandé d’adresser un mail détallé de notre demande, « afin que l’état puisse vous répondre clairement ».
Il est donc un petit bout de rive qui pourrait être bucolique et charmant. A ce jour il est parsemé de bateaux en piteux états. Aujourd’hui il est difficile de savoir qui en a la charge et quels sont les risques et les impacts sur l’environnement. Il est même parfois difficile identifier les propriétaires car certains utilisent de fausses immatriculations. La Méditerranée joue-t-elle le rôle de poubelle collective en cas de crue du Lez ? Où vont ces restes de coques et de moteurs pollués ? Pour poursuivre ce qui ressemble bien à un début d’un long feuilleton, nous poursuivons notre enquête.
Epaves abandonnées à Palavas – Photo © JJF 2018