MONTREDON
A propos de la série Larzac
Après la période de confinement sanitaire de 2020 et 2021 à l’occasion de la bonne nouvelle : la réouverture du marché paysan de Montredon tous les mercredi du 7 juillet au 25 août 2021, nous rediffusons la série Larzac publiée en 2018 sur entre2brises.fr et 2019 sur dis-leur.fr.
Pour découvrir tous les épisodes de la série LARZAC, cliquez ici
Sur le Larzac en sud-Aveyron, est un hameau qui avant de devenir un symbole, a bien failli disparaître totalement. Son nom : Montredon.
Dès la fin de la 1re guerre mondiale, le hameau se vide de ses habitants, à tel point que, lors du recensement de 1968, il n’y a en plus aucun. Si les deux guerres l’ont presque anéanti, en 1971, c’est une autre forme de guerre, qui le réveillera, puis le fera renaître pour devenir ce qu’il est aujourd’hui : un symbole de la solidarité et de la lutte non-violente.
Cette année-là, le gouvernement de l’époque, annonce par la voix du Ministre de la Défense, Michel Debré, le projet d’extension du camp militaire de la Cavalerie[a]. Il prévoit de multiplier la surface initiale par presque 5, en passant de 3.000 hectares à 14.000 (source Lazarc.org). De nombreuses expropriations sont prévues. Du côté des paysans du Larzac, bien que ce soit l’effroi et qu’ils n’aient aucune préparation pour mener ce genre de combat, la guerre est déclarée.
[a] Voir la carte du projet sur http://larzac .org/
Une guerre anachronique contre un état et des militaires qui veulent « confisquer la terre à ceux qui la cultivent ». Une guerre, dont un camp n’aura comme armes, que des brebis, des tracteurs et surtout beaucoup de solidarité. Une guerre menée par des gens non-violents, et pacifistes. Une sorte de guérilla des nerfs, où l’action collective, l’imagination et l’ingéniosité, pendant 10 ans, useront avec constance et ténacité le pouvoir parisien. Ils feront paître le bétail sous la symbolique tour Eiffel. Ils iront à la capitale en tracteur. En créant des groupements fonciers agricoles. Ils feront tout, pour compliquer la gestion de l’extension par l’administration. Ainsi, en rachetant collectivement des terres à ceux qui veulent ou qui sont contraints de vendre, ils obtiennent une multiplication des propriétaires à expulser.
C’est à Montredon, village alors abandonné, mais intégré dans le projet du gouvernement, qu’en 1975, un groupe de Millavois, d’habitants du causse et d’universitaires fondent « Larzac-Université ». Il devient l’un des symboles de la lutte.
En 1976, deux couples s’y installent. Le plus connu est José Bové et sa femme Alice. Ils squattent une ferme à l’abandon depuis 1920. Ils y vivent et y élèvent leurs brebis. L’autre couple élève des chèvres. Tous deux remettent en culture ou en pâturage des terres destinées à l’armée.
En 1981, leur combat est gagné. A peine élu Président de la République, François Mitterrand annonce l’abandon du projet d’extension.
L’histoire ne s’arrête pas là. De façon extraordinaire, ces années de lutte ont formé un esprit « Larzac », une vision de la société qui aboutissent, au fil des années à la création de nombreuses innovations dans de multiples domaines tels que, le social, l’agriculture, la gestion foncière, l’écologie, la pédagogique, le développement durable. Elles perdurent et se renouvellent, de nouvelles naissent encore aujourd’hui. En 1988, la création du marché paysan en est un reflet. (voir notre article)
Marché paysan à Montredon tous les mercredis de Juillet et Aout depuis 1988 – Plateau du Larzac – Photo © JJF 2018
Ce hameau, installé depuis le 15e siècle, sur la commune de la Roque Sainte-Marguerite, est désormais bien vivant. Certains même, le cite en exemple et en font un modèle de développement.
A l’entrée du village, un panneau fixe le cadre : « Aujourd’hui, Montredon compte 8 foyers permanent, deux maisons et une roulotte de vacances, un studio locatif un gîte d’étape de 15 places utilisable en gestion libre ou avec le service restauration.
Deux fermes, en bio, utilisent les terres labourables et les parcours alentours. L’une produit des veaux et des bœufs de race Aubrac. L’autre produit du lait de brebis qui est transformé sur place en tommes et en yaourts.
On trouve aussi à Montredon une entreprise de toiture, le bureau du journal Gardarem lo Larzac et le siège d’activité de 4 structures collectives. Deux pour la gestion foncière, la société civile des terres du Larzac et la société civile GFA Larzac et deux pour le développement des énergies renouvelables, la SAS Lum del Larzac et l’association les bois du Larzac.
Maisons caussenardes typiques à Montredon – Plateau du Larzac – Photo © JJF 2018
Montredon est un village dont on reconnait immédiatement l’identité caussenarde. Les maisons basses et petites sont conformes à l’ancestrale architecture. Les toits recouverts de Lauzes (lames de pierres calcaires) obligent à des solides murs porteurs en pierres sèches ce qui donne à l’édifice un air de solidité et un caractère rassurant.
Il est un des maillons d’une chaine entre plusieurs hameaux du Larzac qui forment un réseau. Il est au coeur d’un modèle d’organisation et de gestion du territoire conçu et mis en oeuvre par ses habitants. Ils l’ont voulu, ils se sont battus, ils ont réussi, désormais, ils vivent et travaillent au pays !
Le journal Gardarem Lo Larzac est un bimestriel qui parait depuis 40 ans
Toits typiques en Lauze et plus rare sur le causse le toit récupérateur d’eau alimentant une citerne à Montredon – Plateau du Larzac – Photo © JJF 2018
A propos de la série Larzac
Après la période de confinement sanitaire de 2020 et 2021 à l’occasion de la bonne nouvelle : la réouverture du marché paysan de Montredon tous les mercredi du 7 juillet au 25 août 2021, nous rediffusons la série Larzac publiée en 2018 sur entre2brises.fr et 2019 sur dis-leur.fr.
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Texte, prise de vues, montage, traitement © JJF - 2020