Dans un coin, un petit frigo des années soixante, isolé, semble oublié du nettoyage. Dans cet endroit feutré, paradis de la musique et des musiciens, le désordre apparaît comme une revendication, un signe de vie, une preuve d’existence. L’odeur de fumette et de bière, les nombreux cendriers à même le sol, la ribambelle de verres à bordeaux, laissent imaginer des rockers avachis, des poètes allumés, des créateurs de sons obsédés par la perfection, des artistes en recherche de la note juste, des compositeurs en quêtent de l’accord absolu, des paroliers en mal du bon mot seyant avec osmose à leur texte, en chasse de la rime parfaite, des percussionnistes tâtonnant autour du rythme idoine, du tempo ad’hoc, des ingénieurs du son mobilisés pour parachever des heures de recherches et aboutir à une œuvre magistrale : leur Graal.